Je me souviens que l'année dernière, par curiosité, je cherchais l'emplacement du restaurant italien Graziella. Je savais qu'il se trouvait quelque part sur McGill et j'ai descendu une bonne partie de cette rue à la recherche du resto, sans succès. Quelques mois plus tard, complètement par hasard, je me suis rendu compte que je passais devant au moins une fois par semaine et que je n'avais aucune idée que la petite pancarte était en fait celle du Graziella.
Il faut dire que le restaurant est tout en longueur, alors c'est facile de passer devant les fenêtres, en coup de vent, sans se rendre compte de ce qui se cache derrière. À l'intérieur, le décor est à la fois sobre et contemporain. Les murs de briques peints et les gros luminaires suspendus au plafond donnent une impression d'un espace situé un peu hors du temps. Et, quel plaisir, le niveau de bruit était acceptable toute la soirée. Parfait pour ceux qui ont plus envie de discuter que de regarder les autres clients.
À notre arrivée, nous étions assis sous une des bouches de ventilation qui expulsait de l'air avec un peu trop de plaisir. Mais la salle à manger étant encore relativement vide, nous n'avons pas eu de difficulté à changer de place. À noter, le service a été très plaisant toute la soirée. Notre serveur connaissait bien le menu et était très aimable.
Le menu du Graziella n'offrait pas une multitude de choix, mais ça ne nous a pas empêchés d'avoir beaucoup de difficulté à prendre une décision. Tous les plats étaient intéressants. Nous avons enfin décidé de commencer par un Antipasto Graziella. Cette assiette de plus de 30$ comprend du prosciutto, du fromage, du magret de canard, du carpaccio de boeuf avec flan au parmesan, des olives, une terrine de lapin et épinards, et j'en passe.
J'espérais que l'entrée soit tout aussi impressionnante que son prix. Je n'ai pas été déçu. Tout était délicieux. Chaque fois que nous goûtions quelque chose de nouveau, nous étions impressionnés. Non seulement par la qualité des mets, mais aussi par la cohérence de l'assemblage. Cette entrée en petits morceaux formait un tout très réussi.
En attendant nos plats principaux, je me suis aventuré au sous-sol en quête d'une salle de bain. C'est là que j'y ai découvert trois salons privés (dans la section "le 116") dont deux étaient occupés par des gens d'affaires qui assistaient à des présentations. Je me suis dit que tant qu'à se faire casser les oreilles par une démo ennuyante, aussi bien le faire au Graziella.
Pour la suite de notre repas, nous avons partagé un plat de la section Primi du menu et un de la section Secondi. Il s'agissait de pâtes farcies au Pecorino, ragoût de canard (de la ferme Morgan, précise le menu) et de fesse de porcelet braisée aux agrumes et à l'érable, avec purée de pommes de terre. Deux excellents choix. Que de saveurs et de subtilités. Sandra me disait qu'elle trouvait le repas "vraiment jouissif". Je la comprends. Dans certains restaurants les saveurs ne sont pas subtiles, elles sont masquées. Pas ici. Prenez le porcelet, par exemple. Le goût de l'érable n'était pas à l'avant-plan. Il occupait sa place bien à lui tout en laissant aux saveurs d'agrumes leur chance de marquer le plat. C'est le genre de repas qui me fait souhaiter que ma table offre un chauffe-assiette, car nous aurions aimé prendre notre temps pour apprécier chaque bouchée. Mais les plats se sont malheureusement refroidis avant que nous n'ayons tout terminé.
J'aurais probablement été satisfait à ce stade-ci, mais Sandra insistait pour que j'essaie un dessert. Bon, bon, un bras tordu plus tard et hop, voilà la tarte au chocolat avec crème glacée maison et garnitures étranges (un morceau de maïs éclaté au caramel, des bulles de limomcello...). Mais ce sont ces petits morceaux qui ont fait en sorte que chaque délicieuse bouchée se distinguait de la précédente.
Je crois que Sandra a un nouveau restaurant préféré. Elle m'a dit avoir apprécié son repas chez Graziella plus que celui au Toqué!. Malgré le fait que je trouve la comparaison difficile, je comprends ce qu'elle veut dire. Notre repas au Toqué! nous a parfois impressionnés par son côté technique et son amalgame de saveurs. Par contre, le service distant et un choix de mets qui ne nous a pas toujours plu a rendu notre repas un peu moins plaisant.
Le restaurant Graziella tente moins d'impressionner avec la technique, ce qui n'enlève rien à la grande qualité des plats que nous avons mangés. C'est juste que notre repas nous a paru plus… humain, moins précis. Et, en ce qui nous concerne, plus agréable. Un premier repas marquant et certainement pas le dernier. Peut-être pas à la portée de toutes les bourses (surtout avec une entrée et un dessert), mais l'expérience en vaut le prix.