Sandra et moi nous sommes enfin rendus à La Mecque des foodies québécois, c'est-à-dire le restaurant Toqué! La réputation de cette institution n'est plus à faire, ni celle de son chef Normand Laprise. Vous dire que nous avions hâte de découvrir ce que cet endroit a à offrir ne serait pas une exagération.
En prenant place (et en attendant le menu), j'ai pris un moment pour étudier le décor. Beaucoup de teintes de rouge et d'orangé. Et du bois. On ne peut que constater que quelqu'un a longuement planifié l'allure de la salle à manger. J'avais l'impression de me trouver dans un film branché du début des années 70, mais sans le côté kitsch de la mode de l'époque. Ça donnait une impression chaleureuse et un peu haut de gamme. Même les serveuses, dont les couleurs des chemisiers s'agençaient avec le décor, avaient un petit look rétro.
Tout au long de la soirée, le service a été courtois et professionnel. Mais nous avons tous deux été déçus de la froideur de la plupart des employés. Il y en avait un ou deux qui étaient souriants. Les autres étaient distants et une des serveuses ne nous a jamais regardés lorsqu'elle venait à notre table. Par contre, certaines attentions étaient amusantes, comme cette jeune dame qui repliait la serviette des clients qui se rendaient à la salle de bain.
À ma grande surprise, lors de notre visite, la clientèle était passablement jeune. Beaucoup de gens dans la vingtaine et quelques-uns dans la trentaine. Il y avait quelques couples plus âgés, mais ce n'était pas la majorité.
Le menu du Toqué! était minimaliste, mais ça ne simplifiait pas nos choix. La première page nous proposait un menu découverte rempli de surprises, puisqu'on n'offrait aucune information supplémentaire. La seconde page proposait des plats à la carte. Nous avons décidé de nous concentrer sur cette page.
Avant l'arrivée de nos entrées, nous avons eu droit à une mousse de rutabaga avec poudre de cacao et coulis de cacao. C'était original et savoureux.
L'entrée de Sandra était une soupe de topinambours, pain à l'huile, mousse de lait, noisettes et huile peperoncino. Elle a adoré son choix et m'a dit que c'était une découverte à chaque cuillerée. J'ai préféré la terrine de foie gras, croustilles de pomme, gelée de canneberge, yogourt et crème glacée à l'huile de cameline. La terrine de foie gras fondait dans ma bouche tant elle était onctueuse. La petite glace qui ajoutait un contraste intéressant était délicieuse. Les croustilles de pomme m'ont agréablement surpris. Elles accompagnaient bien la douce terrine sans en étouffer la saveur. Par curiosité, j'y ai goûté avec un morceau de croûton de pain et celui-ci écrasait presque entièrement le goût. Dans l'ensemble, une entrée très plaisante et bien pensée.
Par la suite, une assiette de magret de canard, endives braisées, croustillants de betterave et canneberges séchées pour Sandra. Elle a généralement été déçue de son choix. Le canard semblait de très bonne qualité et parfaitement préparé. Mais les endives jumelées à la betterave croustillante et aux canneberges donnait un tout si amer qu'elle trouvait cet accompagnement à la limite d'être mangeable. Pour y avoir goûté, je dois admettre ne pas avoir regretté mon choix. J'aurais été déçu par un tel plat.
J'étais beaucoup plus heureux avec ma longe de porcelet accompagnée d'oignons perles, pâtes papillon, purée d'ail et sauce à l'anis. Quel plaisir. Tout était parfait. Chaque bouchée m'amenait de surprise en surprise. Le porc était terriblement tendre et savoureux, le parmesan était doux et ajoutait une petite touche subtile aux pâtes (naturellement, parfaitement cuites). Et le petit morceau de porc laqué avec sa couenne croquante donnait un contraste très agréable à cette assiette déjà impressionnante.
Pour son dessert, Sandra a été tentée par la tire-éponge, orange, ganache au chocolat caraïbe et yogourt à l'érable. Le plat semblait un peu simple au départ, mais la persévérance fut payante, car plus elle en mangeait, plus elle découvrait des aspects intéressants, tels que le yogourt à l'érable.
J'ai préféré choisir la mousse et glace à la courge, brownies, crème tiramisu et crème montée à huile de chanvre. Un drôle de dessert qui, tout comme mon plat principal, proposait plein de découvertes. Toutes les crèmes étaient originales et savoureuses. Par contre, un des mots qui avaient attiré mon attention était (vous me connaissez) "brownies". J'ai contemplé mon assiette un moment pour tenter de comprendre quelle partie faisait office de brownie. Sandra et moi en sommes venus à la conclusion qu'il s'agissait probablement des minuscules miettes brunes qui accompagnaient quelques-unes des mousses. C'était plus subtil que ce à quoi je m'attendais.
En attendant l'addition, un serveur nous a apporté deux excellents macarons à l'argousier. Une dernière petite touche de gentillesse, bien appréciée.
J'ai relu le texte que vous venez de lire plusieurs fois, car je crois qu'un restaurant comme le Toqué! dont la réputation tourne autour de la qualité des produits offerts et de la précision du travail mérite une critique qui ne prend pas de raccourcis. Ceci étant dit, l'amateur de bons restos que je suis ne peut que conclure en disant que le Toqué est un excellent restaurant offrant une cuisine exceptionnelle. Mais ce n'est pas une garantie que celle-ci vous plaira.
Le service un peu trop froid, mon entrée dont j'ai plus apprécié l'ingéniosité que le rendu et les endives décevantes de Sandra nous ont laissés un peu déçus de notre repas. La soupe et l'assiette de porcelet étaient sans contredit exceptionnelles et les desserts étaient aussi pas mal plaisants. Mais notre soirée a coûté plus de 200$, ce qui est considérable pour un repas qui ne nous a pas entièrement plu et pas toujours épatés. Nous y retournerons sans doute un jour, mais en attendant il y a d'autres bonnes tables à essayer à Montréal. Je suis déjà curieux de savoir comment elles se compareront.
Si vous êtes un habitué du Toqué! et que vous avez quelques plats que nous devrions essayer lors d'une future visite, n'hésitez pas à laisser un commentaire en cliquant sur le lien ci-dessous.