La vie d'un critique de restaurant est parfois bien difficile. Prenez par exemple le cas du restaurant Chez Schwartz: véritable institution montréalaise reconnue internationalement pour ses sandwiches au smoked meat (de la viande fumée). Que dois-je dire à propos de cet établissement? Saurai-je bien comprendre la tradition et la philosophie d'un restaurant qui attire des visiteurs venus de partout au monde? Manquerai-je de respect envers un resto qui intéresse des tas de vedettes (ou au moins leurs chauffeurs)?
C'est par un froid vendredi soir d'automne que Sandra et moi avons décidé d'aller faire un petit tour chez Schwartz. Je n'y étais jamais encore allé, mes attentes étaient grandes.
En arrivant, nous avons fait la file dehors pendant quelques minutes, le temps qu'une place se libère à l'intérieur. Une fois entré, j'ai été frappé par l'étroitesse des lieux. Il s'agit vraiment d'un tout petit resto. On ne peut pas dire qu'on se déplace pour le décor. Le restaurant est ouvert depuis 1928, et je me suis demandé si les lieux avaient été rénovés depuis l'ouverture. Je n'ai pas eu l'impression que l'endroit était sale, mais l'impression qui m'est restée est celle d'un minable petit snack-bar. Par contre, c'était pas mal ce à quoi je m'attendais. Dommage que je n'aie pas apporté mon appareil photo car celles qu'on retrouve sur le site web du resto donnent une impression toute autre. Détail important, pour ceux qui connaissent moins l'endroit: les tables sont partagées. Par exemple, lors de notre visite, nous avons été tous trois assis autour d'une table pour six où se trouvaient déjà deux personnes. Et ce n'était pas une grande table. C'est bizarre, je me sentais comme un touriste qui visitait sa propre ville. Je me demandais un peu pourquoi j'étais là, étant souvent obligé de me rappeler que l'endroit était une institution.
Notre serveur donnait un service presque sympathique mais à la limite d'être indifférent. Je crois qu'il était bien occupé mais qu'il faisait quand même un effort. Nous avons commandé trois sandwichs au smoked meat, trois frites et deux cornichons. Le tout est arrivé à notre table assez rapidement. Je n'ai pas pris de concombre, mais je me suis plongé dans mon assiette de frites avec intérêt, découvrant une frite bien ordinaire mais quand même bien correcte. Par contre, je dois dire que Sandra trouvait que les siennes n'étaient pas assez chaudes.
Je me suis alors préparé psychologiquement à goûter au smoked meat. Un petit coup d'eau, une petite pause zen et puis une première bouchée... Euh? Ok, bon, une seconde bouchée. Puis une autre. Bon assez goûté. Quelle a été ma première impression? Un brin de déception. J'étais chez Schwartz après tout, je m'étais peut-être trompé. J'ai mangé mon sandwich au complet ainsi que la moitié de celui de notre ado. Voici donc où je me suis rendu dans l'analyse de ce classique: le goût est définitivement différent de ce qu'on a l'habitude de retrouver. La coupe de la viande, apparemment bien importante, m'a aussi laissé perplexe. Je crois qu'elle est perpendiculaire à la coupe traditionnelle. Wow... En plus, la viande était sèche. Trop sèche. J'ai goûté à la viande maigre et la "médium" et j'ai eu de la difficulté à avaler mes bouchées dans les deux cas. C'est loin d'être agréable, surtout si on n'a qu'un tout petit verre d'eau.
Dans l'ensemble, j'ai trouvé l'expérience peu intéressante. Je suis certain que certaines personnes aiment mieux ce genre de smoked meat, mais ce n'est pas notre cas. Il est fort possible que ce soit le "vrai" goût du smoked meat et que les autres ne soient que des pâles imitations, mais au bout du compte, j'aime mieux aller chez Reubens.