J’imagine que vous êtes déjà au courant, sinon j’ai le regret de vous annoncer que le restaurant Jardin Tiki a fermé ses portes. Une perte pour les amateurs de kitsch partout dans le monde, à ce qu’on dit.
Je n’y étais jamais allé. Mais je voulais avoir la chance de vivre l’expérience au moins une fois, et surtout de vous en parler pour que nous puissions discuter ensemble de la réelle perte de cet établissement. J’ai donc convaincu mes amis René et Céline (avec leur fille Ariane) de m’accompagner.
Heureusement que Sandra avait lu qu’il était préférable de réserver. À notre arrivée, il y avait une attente de près d’une heure. L’endroit était plein. Plein de gens, plein de Tiki. Ce décor kétaine dont tant de gens parlent était-il si pire? Oui et non. C’était vraiment le reflet d’une autre époque. Une version gigantesque du Miss Chinatown de Saint-Lambert (que j’ai bien connu, mais fermé depuis longtemps), tous deux offrant un décor parfois plus hawaïen que chinois.
Dans le cas du Jardin Tiki, ça veut dire beaucoup de bambou, plein de lampes accrochées au plafond, un gros dragon à l’entrée et un petit étang avec quelques tortues et des poissons. Kétaine? Certes. Drôle? Possiblement. Qui vaut le détour? Hmmm…
Lors de cette visite, le service était quasi inexistant, probablement en raison du très grand nombre de clients. Il nous a fallu attendre un bon moment avant qu’un employé réussisse à se faufiler jusqu’à nous et que Céline puisse commander un drink non-alcoolisé pour Ariane. Heureusement que le reste se passait au buffet.
Justement, le buffet… Les classiques de la restauration chinoise populaire s’y trouvaient: soupe won ton, soupe aigre piquante, rouleaux frits, boules frites au poulet, poulet du général Tao, nouilles Singapore, ailes et pilons de poulet, riz frit, “spare ribs”, légumes divers, frites, rondelles d’oignons et j’en passe. Sans oublier la sauce aux prunes et la sauce rouge “aux cerises”. Manquaient plus que les petites saucisses… Ah! Non, elles étaient là aussi.
Toujours au buffet, à un certain moment, un homme tout ce qu’il y a de plus “bobos” (avec le grand foulard, la blonde snob et tout) m’a gentiment demandé si je pouvais lui servir quelques boulettes de pâte. Un peu surpris, je lui en ai donné tout en lui expliquant qu’il devrait essayer de se débrouiller pour prendre sa sauce lui-même. Je pense que c’était la première fois qu’il mettait les pieds dans un buffet. Pauvre lui, pas facile la vie d’un homme branché.
Fidèle au décor, la nourriture semblait elle aussi sortie tout droit des années 70 ou 80. La qualité des mets était, disons, acceptable. J’ai connu de pires buffets, mais j’en ai surtout connu de meilleurs.
Le buffet des desserts était tout aussi… intéressant. Fruits, biscuits de fortunes, petits carrés de gâteau et, bien sûr, du Jell-O. Mais, ô surprise, il y avait aussi une machine à crème glacée molle. J’aurais aimé faire un petit tas de molle un peu moins hideux, mais l’employé qui apportait de nouveaux desserts sentait si mauvais que mon soudain manque d’inspiration a coupé court ma créativité laitière.
Il va malheureusement sans dire que les desserts étaient aussi pas mal ordinaires. Mais le Jell-O était bien réussi.
Au revoir, Jardin Tiki. Je t’ai connu, mais je ne pleurerai pas ton départ. Tu n’as apparemment jamais réussi à moderniser ton offre culinaire. En soi, ce n’est pas trop grave. Mais la qualité de tes plats n’avait absolument rien d’intéressant. Et lorsqu’on vit de la restauration dans une ville comme Montréal, on peut difficilement survivre sans se forcer un peu.
Mon seul regret est que le Jardin Tiki représentait un endroit “amusant”. Bon... pas très amusant. Mais un endroit où les gens voulaient et pouvaient passer un bon moment entre amis ou en famille pour le plaisir d’être ensemble. Dans un endroit qui ne se prenait pas au sérieux et qui nous dépaysait un tout petit peu. Et non pour être dans un endroit cool, branché ou tendance. Juste parce que tous ces trucs un peu partout, c’était amusant. Il aurait juste été intéressant que le buffet offre aussi un petit quelque chose d’unique, de bon.