Nous avons dû nous y prendre à trois reprises pour réussir à mettre les pieds dans le Jack Saloon. Les deux premières fois, il n'y avait pas la moindre place pour la soirée. Cette popularité ayant piqué notre curiosité, nous avons réservé pour l'essai numéro 3.
Situé en plein coeur du quartier Dix30, près de la salle de spectacle L'Étoile, ce resto dont la devanture est tout ce qu'il y a de plus conventionnel nous révèle un secret lorsqu'on y entre: la salle à manger est très laide. Bon, j'exagère. Un peu. Enfin, c'est une question de goût. Si vous aimez le look "saloon" (murs couverts de bois, crânes de bêtes cornues avec le museau couvert d'or, tables hautes de seconde main, collantes et avec des brûlures de cigarettes), eh bien vous aimerez sans doute la petite salle à manger du Jack Saloon.
Mais il n'y avait pas que le décor (qui, dans le fond, ne me dérangeait pas du tout). Il y avait aussi l'ambiance. La musique à tue-tête qui rendait toute conversation pénible, surtout lorsque l'air du moment passait du rock à quelque chose de heavy métal.
"Je garde un esprit ouvert. Je garde un esprit ouvert." me disais-je.
J'ai commencé à déchanter un peu lorsque j'ai vu la moue de notre serveur, en lui disant que je ne désirais ni bière, ni alcool. Que de l'eau. Le service ne s'est pas vraiment amélioré après ça. Mis à part un petit sourire à un moment, le reste du temps j'ai trouvé ça assez ordinaire.
Le menu du Jack Saloon suit assez bien la mode des restos "urbains" qui essaient de se donner un style branché en ayant un nom avec le mot "taverne" ou "saloon" ou un truc du genre. Comme entrée? Soupe à l'oignon, huîtres, tartares. Pour la suite, des burgers, du pulled pork, des côtes levées, du saumon... Et les accompagnements sont commandés séparément pour 5$: frites, poutine, macaroni au fromage...
Sandra a commencé la soirée avec une limonade alcoolisée. Initialement, elle la trouvait assez bonne (et sucrée), mais après un moment elle m'a dit qu'il y avait tellement de glace dans son verre qu'en fondant le tout goûtait surtout l'eau. Deux tables plus loin, un client a même retourné son verre, n'appréciant pas la quantité de glace qui s'y trouvait. Pour 10$ le drink, je le comprends.
Ma chère blonde et moi avons pris la même chose: un "demi rack" de côtes levées avec sauce Jack Miel et Abricots. Et comme accompagnements: amalgame de frites avec variétés de mayonnaises ou ketchup-maison.
Les côtes levées étaient correctes. Le serveur nous avait expliqué qu'elles sont longuement fumées, ce qui les rend savoureuses et très tendres. Le goût de fumée, très présent sans devenir trop lourd, se mêlait assez bien à l'assaisonnement. Mais les côtes n'étaient que moyennement tendres. La sauce aux abricots ne m'a pas emballé. Sandra m'a dit qu'elle avait l'impression de manger un pot pour bébé auquel on aurait ajouté de l'alcool. C'est peut-être exagéré, mais je dois admettre que la texture de la sauce me donnait la même impression.
Les frites assaisonnées étaient plutôt agréables, mais si salées qu'on finissait par s'en lasser. Des pommes de terre régulières et des patates douces se trouvaient dans le petit plat. Mais la variété de mayonnaises ou ketchup-maison? J'ai l'impression qu'elles ont été remplacées par une moutarde au miel et une sauce BBQ, toutes deux bien ordinaires.
Le Jack Saloon m'a fait penser à un resto jetable, bâti suivant un concept à la mode et abandonné dès que les profits commencent à baisser. L'endroit est présentement populaire, mais ne le sera probablement pas très longtemps. Nos assiettes (parmi les spécialités, nous a dit notre serveur) étaient un mélange de créativité urbaine et de coupage de coins ronds. Pour 68$, je m'attendais à un peu mieux.