Pas facile d’avoir une réservation au Impasto. Il faut en général attendre quelques jours si on désire souper vendredi ou samedi soir. L’endroit est effectivement très populaire. Notre réservation était pour le premier de deux services (18h30 et 21h, je crois). Et à 18h15 la salle à manger était déjà presque pleine.
Ce très branché restaurant italien est le fruit d’une collaboration entre Stefano Faita et Michele Forgione, deux chefs bien connus de la région de Montréal. Les attentes de Sandra étaient élevées, avec raison. Nous avions particulièrement apprécié la cuisine de Michele Forgione lorsqu’il était encore chez Osteria Venti.
Qui dit branché, trop souvent, dit bruit. Et le Impasto ne fait pas exception à la règle. On pouvait s’entendre parler, heureusement. Mais nous étions assis près d’un petit groupe dont l’un des membres se mettait spontanément à parler très fort sans raison, ce qui empirait rapidement le niveau de bruit de la petite salle à manger.
Le menu se résume sur une page, mais les choix sont tous intéressants. Les entrées de foie gras de canard et la sélection de charcuterie artisanale nous attiraient. De même que les quatre choix de pâtes et quatre choix de viande proposés ce soir-là. Nous avons eu besoin d’un bon moment pour nous faire une idée.
Finalement, Sandra a opté pour la salade de betteraves (avec noisettes et fromage frais) en entrée, suivi des Bigoli integrali (des pâtes au ragoût de canard, bette à carde, champignons et beurre de coing). J’ai préféré prendre la saucisse maison en entrée. Mais je n’arrivais pas à me brancher pour le reste. Heureusement, nous pouvions choisir une demi-portion, ce qui a grandement simplifié les choses. Mes choix? Une demi-portion de Cavatelli alla Norcina (avec saucisse de porc maison, truffes noires et crème) et une demi-portion de linguine à l’encre de seiche avec palourdes, de ‘nudja (normalement de la saucisse de porc qui s’étend) et de bottarga de mullet (de la poutargue).
Nous étions tous deux satisfaits de nos entrées. Sandra m’a dit que sa salade de betteraves était tout à fait comme elle l’aimait. Ma saucisse était savoureuse et juteuse, mais j’ai trouvé le prix de 15$ un peu exagéré.
Pour les pâtes, l’expérience fut tout autre. L’assiette de bigoli de Sandra nous a laissés perplexes, c’est le moins qu’on puisse dire. Sa première constatation: les pâtes étaient trop al dente. Elle a poursuivi en m’expliquant qu’un après goût sucré lui plaisait peu (sans doute à cause du beurre de coing) et que l’absence de parmesan n’aidait pas. En plus de tout ça, son assiette était tiède. Elle était vraiment déçue de son choix. On aurait dit que tout était trop subtil et qu’aucune saveur ne prenait sa place. Elle m’a fait goûter à un bon morceau de canard. Canard vous avez dit? J’ai cherché le goût en vain un bon moment sans le trouver. Je la comprenais. Peut-être le choix de champignon devrait-il être reconsidéré.
Mes pâtes étaient beaucoup plus plaisantes. La cuisson des pâtes dans les deux plats était bonne, heureusement. Et la sauce des cavatelli était crémeuse à souhait. Par contre, à mon goût, les deux plats étaient trop salés. J’acceptais ce détail à propos des linguine, mais moins pour les cavatelli. Même si les deux plats étaient savoureux, je n’étais pas ravi plus qu’il le fallait. J’avais goûté des pâtes similaires à d’innombrables autres restaurants italiens. Des plats réussis? Oui, mais d’une simplicité un peu décevante, vu la réputation du Impasto.
Notre repas au Impasto était typique du genre d’expérience qui me fait remettre en question mes capacités en tant que blogueur. Cet endroit emballe les gens depuis des mois. Sommes-nous des tarés qui ne connaissent rien à la cuisine? Dans mon cas, probablement… Mais à bien y penser, la raison d’être de ce blogue est de raconter nos expériences culinaires le plus honnêtement possible, sans nous protéger derrière une quelconque réputation de grands gastronomes. Et la vérité par rapport à ce repas est la suivante: nous étions tous deux très déçus de notre expérience. Nos attentes étaient-elles trop hautes? Peut-être, mais j’en doute. Sommes-nous tombés sur une mauvaise soirée? Possiblement. Mais contrairement à un(e) critique de resto professionnel(le) qui a les moyens de se payer le même restaurant deux ou trois fois pour se faire une idée, comme la plupart des gens, nous n’avons pas ce genre de budget. Notre première impression est souvent la seule qui soit possible. Et dans ce cas-ci, elle sera la seule pour un bon moment, malheureusement.