Se rendre au Manoir Hovey, en plein hiver, peut parfois ressembler à une aventure. Si l’autoroute 10 était dégagée, on ne peut pas en dire autant de la rue Hovey, parfois si glacée que je devais me contenter de 30 km/h pour ne pas me retrouver dans un fossé. Quoi qu’il en soit, nous nous sommes rendus sains et saufs au manoir. (J’ai compris plus tard qu’il était plus simple de passer par l’autre extrémité de la rue.)
L’endroit est joli et chaleureux. La vue sur le lac Massawippi doit être particulièrement reposante en été. La salle à manger du restaurant donne, naturellement, sur le lac. Il n’y a pas grand-chose à voir le soir, mais au déjeuner l’étendue complètement gelée est quand même plaisante.
Avec son décor on ne peut plus classique, l’endroit est très calme, surtout en hiver. Lors de notre repas, il n’y avait que la moitié des tables qui étaient occupées. La clientèle semblait principalement séparée entre des gens au début de la trentaine et d’autres dans une cinquantaine quelconque. Il y avait au moins 50% d’anglophones, mais heureusement les gentils et polis serveurs semblaient parfaitement bilingues.
Le menu du restaurant du Manoir Hovey, Le Hatley, n’est pas très élaboré. Six entrées, sept plats principaux et quelques desserts. Les choix sont heureusement assez intéressants, par exemple le boudin de pétoncles en entrée (avec laitue de mer, racine de persil, panais, champignons de pied bleu, câpres d’argousier et poudre de Lichen).
Nous avons commencé la soirée avec un potage de courge “sweet dumpling”, pain de maïs iroquois, artichauts, fromage Gré des champs, réduction au tussilage, lentille noire et crème à l’huile de cameline pour Sandra et un carpaccio de faux-filet de boeuf (avec réduction de chou rouge, radis noir, jaune d’oeuf crémeux, carotte marinée, herbe de blé, trompette noire et pain de seigle) pour moi.
Côté présentation, les entrées étaient très réussies. Les assiettes étaient joliment préparées et appétissantes. Mon carpaccio me semblait fait à partir d’aliments de qualité et traités avec respect. Le résultat total ne m’a peut-être pas terriblement emballé, mais j’ai apprécié le travail. La soupe de Sandra l’a laissée un peu insatisfaite. Comme si toutes les saveurs donnaient un résultat un peu trop fade, un peu trop uniforme, malgré la diversité de ses composantes.
Par la suite, Sandra a essayé l’assiette “mignon et braisé de boeuf” servie avec pommes de terre marinées à l’estragon, tomates confites et croustilles de topinambour. Elle m’a dit que sa viande était bonne et tendre et que les accompagnements étaient bien préparés.
J’ai opté pour les ris de veau avec jus à la fougère douce, chou farci au riz sauvage, carotte au levain et huile au pain brûlé. Techniquement, c’était réussi. Les ris de veau étaient presque croquants en surface et tendres à l’intérieur, une cuisson intéressante. La sauce était, finalement, assez classique. Le chou farci de riz sauvage était bien, mais un peu fade.
Sandra et moi étions d’accord sur ce point: tout était bien préparé, mais l’ensemble de l’assiette manquait un peu de surprises. Des plats tout en douceur, mais peut-être un peu trop ennuyants. J’aurais aimé que le chef prenne un peu plus de risques.
Nous avons aussi goûté aux desserts du restaurant Le Hatley. Un gâteau au sirop de bouleau et un gâteau aux carottes. Encore une fois, la présentation était un plaisir pour les yeux. Nos assiettes étaient des mélanges de saveurs intéressantes et très correctes. Seul bémol, mon gâteau aux carottes était un peu trop sec à mon goût.
Comment résumer une telle expérience? Une cuisine compétente et réussie, mais sans réelle surprise. Est-ce pour plaire à une clientèle particulière? Peut-être bien. Mais avec deux verres de vin, taxes et service, notre repas nous a coûté plus de 225$. Malgré tout le bien que je peux dire de ce repas, nous n’avons pas été assez satisfaits pour payer un tel prix un second soir.
À noter, nous avons déjeuné au restaurant Le Hatley. J’ai essayé le “classique bénédictin”, que j’ai trouvé très correct. Le petit buffet déjeuner était aussi très bien. Et encore une fois, le service était impeccable.