Combien de fois suis-je allé avec des amis ou en famille à l’érablière les Quatres Feuilles? J’ai l’impression que la réponse est: une fois par nouveau propriétaire. C’est à dire: souvent. Bon, j’exagère un peu, mais si peu.
Les Quatres Feuilles est une cabane à sucre qui coexiste avec le théâtre de Rougemont. Lors de mes premières visites, il y a plus d’une quinzaine d’années, j’avais été ravi par ce qu’on trouvait au buffet. Des plats traditionnels et innovateurs dont la qualité surpassait ce qui se trouvait ailleurs. Mais au fil des ans, la qualité a beaucoup diminué et nous sommes allés assouvir notre besoin de sirop à d’autres endroits.
Heureusement, le nouveau propriétaire (en date de 2015) semble avoir le souhait de renverser cette fâcheuse tendance. Lorsque j’ai reçu le communiqué détaillant le nouveau menu, je n’ai pas pu résister à la tentation d’y retourner.
Le décor est sensiblement le même. Les grandes salles à manger sont moins impersonnelles que ce qui existe dans les mégacabanes (ie: Goudrelle et cie), mais on est quand même loin de la petite cabane chaleureuse de nos souvenirs d’enfance. Avec la musique et les employés serviables, gentils et souriants, on a quand même l’impression que l’ambiance est à la fête.
Comme je le mentionnais ci-dessus, le principal changement semble toucher le menu. À un point tel que j’ai presque envie de le considérer comme celui d’une “cabane 2.0”. Vous voulez du bacon, des fèves, des oreilles de crisse et du jambon? Il y en a. Mais en explorant le buffet vous verrez aussi de la salade de couscous, des arancini érable et bacon, du “Poulet du Général Tao 2.0”, un feuilleté végétarien, de la poutine et j’en passe. De quoi donner une syncope aux plus traditionalistes d’entre nous.
Et qu’est-ce que ça goûte? Ça dépend des plats. Pour ceux qui me connaissent, je dirais que c’est de qualité “buffet plus”. Donc une production de masse pour une grande clientèle, mais avec assez de qualité pour être parfois intéressant. Par exemple, les arancini étaient un peu au-dessus de mes attentes. Les côtes levées, le Général Tao et le filet de porc aussi.
Par contre, d’autres plats m’ont déçu. Lors de notre passage, la poutine était dans un état lamentable et ne donnait pas envie d’être mangée. Et le gratin dauphinois aux patates douces était… étrange. Pas étrange dans le sens de “bon sang quel plat innovateur” mais plutôt dans le sens de “veux-tu bien me dire ce qu’ils ont mis dans ça, le goût est complètement indescriptible”. Ce fut la déception unanime autour de la table (et nous étions une douzaine).
Les desserts étaient plus traditionnels et corrects. J’ai eu un petit faible pour les grands-pères dans le sirop. Mais les crêpes n’étaient généralement pas très réussies. Après tout ça, la tire a été appréciée de tous, même si plus personne n’avait vraiment d’appétit.
J’ai aimé le côté innovateur de l'Érablière les Quatres Feuilles. Même si je sais apprécier un repas de cabane traditionnel, j’ai toujours une certaine admiration pour les gens qui tentent de briser le moule. Et on peut dire que c’est ce qui se passe ici. Par contre, j’espère que la qualité s’améliorera au fil des ans. Je comprends qu’il s’agit d’une nouvelle administration et qu’il faut lui laisser le temps d’apprendre. Mais je trouverais dommage que les choses n’évoluent pas un peu. J’y retournerai probablement dans un ou deux ans.