En quête d'un stationnement à petit prix dans le Vieux-Montréal, il y a près d'un an, j'en ai trouvé un qui ne coûtait que 10$ par jour. En plus, il avait l'avantage (ou le désavantage, selon votre perception) d'être situé juste à côté du restaurant Bonaparte ayant pignon sur la rue Saint-François-Xavier.
Je dis "avantage" car chaque après-midi après le travail, nous passions, Sandra et moi, en face du Bonaparte et étions presque invariablement impressionnés par les odeurs qui en émanaient. Le désavantage provient du fait que c'était de plus en plus difficile de résister à l'idée d'essayer cet endroit. C'est par un beau samedi soir d'avril que nous avons cédé à la tentation.
Le Bonaparte, ouvert depuis 28 ans, est moitié restaurant et moitié auberge. Son architecture originale remonte à 1886 et malgré le fait que l'intérieur semble avoir été refait récemment, la salle à manger réussit à conserver un certain charme classique.
Dès que nous avons mis les pieds dans la salle à manger, nous avons constaté à quel point les serveurs semblaient occupés. Heureusement, tout au long de notre repas, les employés ont toujours été très courtois et très professionnels.
Nous avons aussi constaté que la clientèle semblait être en grande partie composée d'anglophones. J'ignore s'il s'agissait de touristes ou de Montréalais qui désiraient prendre un bon repas avant d'aller voir une pièce de théâtre au Centaur, situé juste à côté, mais je trouve toujours ça intéressant qu'une communauté en particulier occupe beaucoup de place dans un restaurant.
La cuisine est on ne peut plus traditionnelle et le menu le reflète avec des plats tels que des tournedos de saumon grillés, des pétoncles à l'huile de truffe, un tartare de boeuf, une cuisse de canard confite, un carré d'agneau au porto, et j'en passe. Mais le Bonaparte ne se contente pas que d'une seule carte. Il offre aussi un menu Théâtre pour ceux qui soupent tôt avant une pièce. En plus, lors de notre visite, il y avait un menu axé sur le thème de l'érable (c'était après tout la saison des sucres). Je me souviens qu'il y a de nombreuses années on y offrait même un "Festin de Babette", à la suite de la popularité du film du même nom.
Qu'avons-nous mangé lors de notre visite? Nous avons commencé par un potage pour Sandra et une assiette de terrine pour moi. Elle a trouvé son potage simple, mais très réussi. Mon entrée m'a moins plu. C'est comme si les saveurs étaient trop subtiles, sans réel goût dominant. J'ai même trouvé un morceau très dur (et de bonne taille) dans ma portion de terrine. J'ignore s'il s'agissait d'un morceau de cartilage ou d'os, mais ça n'avait pas sa place là.
Pour la suite Sandra a choisi un filet de boeuf à la bordelaise (avec des légumes). Elle a trouvé le boeuf très tendre et la cuisson impeccable. J'ai préféré de l'aiglefin avec sauce homardine, légumes et riz. Ici encore, la cuisson du poisson était sans faute. Les légumes et le riz étaient bons. Mais j'ai été déçu par la sauce homardine. J'ai dû prendre un moment et me concentrer pour trouver la saveur du homard. C'était à ce point subtil que je me suis demandé si j'avais des ennuis avec mes papilles gustatives. Mais non, tout le reste de ce que j'ai goûté me paraissait normal. C'est comme si la sauce avait été faite à partir d'un troisième bouillon. J'étais déçu.
Les portions sont correctes, mais pas énormes. Nous étions donc tous les deux prêts à manger un dessert, après une petite pause. Sandra s'est laissé tenter par une tarte au citron vert, qu'elle a trouvée correcte. J'ai préféré un gâteau palais royal. Très plaisant et encore une fois assez traditionnel. À noter, ce dessert ne faisait pas partie de la table d'hôte. Je m'attendais à payer un supplément. J'ai payé le plein prix pour le dessert, sans crédit pour celui que je n'ai pas pris. Dommage.
Je crois que les plaisirs olfactifs quotidiens ont fait place à une certaine déception. Le Bonaparte propose une cuisine classique, très bien préparée. Mais certains détails ont rendu l'expérience beaucoup plus... ordinaire... que prévu. Les prix ne sont pas déraisonnables (même si tous ne pourront pas se payer un repas dans ce joli restaurant), mais je m'attendais quand même à mieux.